Top 25 des préférées de Phil – #17 – BMW 507

Top 25 des préférées de Phil - #17 - BMW 507

Vous aurez peut-être remarqué qu’il y a peu d’allemandes dans le Top 25 de mes voitures préférées de tous les temps. N’allez pourtant pas croire que je les boude; mais il y a beaucoup de nostalgie dans mon palmarès personnel – ça aussi, vous l’avez sans doute remarqué – et je n’ai jamais eu de coup de foudre pour les Mercedes, BMW et autres Porsche des années 60, 70 et 80. Pas de « wow factor ». Je n’étais pas indifférent aux nombreuses qualités des allemandes mais aucune d’elles ne m’a fait rêver - je parle de celles qui ont été produites de mon vivant, j’insiste.

J’avais cependant un faible pour les vieilles Mercedes, celles des années 30, 40 et 50. Et c’est l’une d’elles qui aura été la première allemande à me décrocher la mâchoire : la 300 SL « Gullwing ». Aujourd’hui, je lui préfère la BMW 507. Je ne renie pas la Gullwing pour autant; si j’avais fait, par exemple, un Top 30 au lieu d’un Top 25, elle y serait probablement. Mais en matière d’esthétique, de beauté pure, je lui préfère la sublime 507, que je considère également comme l’une des plus belles voitures de tous les temps.

J’avais 14 ans lorsque BMW a dévoilé la spectaculaire M1 dessinée par Giugiaro; elle était dans tous les magazines que j’achetais, américains comme français, et elle a été un des poster cars de mon adolescence. Et pourtant, c’est la 507 qui demeure, pour moi, la plus belle des BMW.

Un exemplaire en parfaite condition peut aujourd’hui avoisiner, voire dépasser, les 3 millions de dollars, ce qui en fait aussi l’une des BMW les plus désirées des collectionneurs, sorte de Saint-Graal de la marque bavaroise. Ce n’est pourtant pas ce que laissait présager son existence, tumultueuse et de courte durée. L’histoire de la 507 est tout sauf banale; elle fera d’ailleurs l’objet d’une baladodiffusion ultérieure sur ce site – un podcast, comme on dit à Paris.

En attendant, en voici les grandes lignes : sa superbe robe est le chef d’œuvre d’Albrecht Goertz, un élève de Raymond Loewy, qui le fit entrer chez Studebaker après avoir payé ses études en design. (Pour la petite histoire, Goertz a aussi revendiqué la paternité du design de la Toyota 2000 GT et de la Nissan 240 Z, même s’il est officiellement attribué à des designers japonais.)

Goertz avait auparavant dessiné la 503, une élégante GT aux lignes cependant convenues. Avec la 507, il frappa un coup de circuit. Sous le capot, on retrouvait le V8 de 3,2 litres de la 503, dont les 150 chevaux assuraient des performances honorables pour l’époque (0-100 km/h en 11 secondes et des poussières, vitesse maximale de 210 km/h). Des difficultés de production, en partie due à l’utilisation de l’aluminium, et des dépassements de coûts vinrent cependant torpiller la 507, en plus d’amener BMW au bord de la faillite…

À l’origine, elle devait coûter 5 000 dollars, ce qui était déjà une somme considérable pour l’époque; en réalité, il fallait débourser près du double pour en acheter une. Et malgré son prix exorbitant, BMW perdait de l’argent sur chaque exemplaire vendu. L’existence de la 507 s’arrêta après seulement trois ans (1956 à 1959). Des 252 unités produites, il n’en resterait aujourd’hui que 202, ce qui explique l’attrait des collectionneurs et les prix stratosphériques des dernières années.

Terminons avec le volet mondain : parmi les propriétaires célèbres de 507, à l’époque, mentionnons John Surtees, champion du monde moto qui allait aussi devenir champion du monde F1 en 1964; l’acteur français Alain Delon; et le plus célèbre d’entre tous, Elvis Presley, qui s’en procura une lors de son séjour en Allemagne, pendant son service militaire. Le King allait ultérieurement en offrir une en cadeau à l’actrice Ursula Andress, sa partenaire dans un de ses navets (Fun in Acapulco). Ces deux exemplaires virent leur moteur d’origine, sans doute jugé trop faiblard, remplacé par des V8 américains… Sacrilège!