Top 25 des préférées de Phil - #23 - Studebaker Avanti
Choisir ma Studebaker préférée n’a vraiment pas été facile. Je suis un amoureux de cette marque et si j’étais né 20 ans plus tôt, j’en aurais assurément possédé une; le problème, c’est que je suis né en 1964, deux ans avant la disparition de ce constructeur américain pas comme les autres.
Parce que rouler en Studebaker, c’était rouler différemment. Les modèles des années 50 (mes préférés) se démarquaient par leur style, qui mariait élégance et avant-gardisme, en évitant les excès de cette période, fertile en cette matière. Autrement dit, pas d’ailes arrière surdimensionnées, de pare-chocs titanesques et d’orgie de chrome : les Studebaker affichaient une grâce qui faisait contraste avec l’ostentation et la démesure alors en vogue.
La Commander Starliner (1953) en est l’illustration parfaite : depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les voitures américaines semblaient figées dans le temps et ce coupé élancé au dessin très pur détonait par sa modernité. Vint ensuite la série des Hawk (Golden Hawk, Silver Hawk, GT Hawk), que je chéris également. Ces voitures ont un point en commun : elles me plongent dans état contemplatif.
Mais s’il me faut n’en choisir qu’une, ce sera l’Avanti. Encore une fois, c’est la nostalgie qui fait pencher la balance : je suis un contemporain de cette GT américaine, qui est née deux ans avant moi. Lorsque j’étais gamin, j’ai été initié aux Studebaker par Matchbox (encore une fois), qui produisait la Wagonaire, version familiale - station wagon, comme on disait à l’époque – de la Lark. Rien pour allumer la flamme, mettons… Mais quand j’ai vu l’Avanti pour la première fois, j’ai eu un choc, que dis-je, un coup de foudre! Contrairement aux ternes berlines Lark et Daytona de mon enfance, l’Avanti était en avance de dix ans en matière de design, comme l’avait été la Starliner de la décennie précédente. Autre particularité : sa carrosserie était faite de fibre de verre, comme la Corvette.
Dessinée par Raymond Loewy, légende vivante du design industriel, père de la célèbre machine distributrice de Coke, du logo de Shell et du paquet de cigarettes Lucky Strike, l’Avanti marquait une rupture de style avec la série des Hawk. Contrairement à ces dernières, elle était dépourvue de calandre, une audace stylistique pour l’époque, et sa silhouette s’inspirait clairement des GT italiennes et britanniques. Outre sa partie avant, qui était sa signature, elle de distinguait par son style épuré et sa grande surface vitrée.
En bonne américaine, elle avait un V8 sous le capot; d’une cylindrée de 289 pouces cubes (4,7 litres), il se déclinait en versions atmosphérique (240 chevaux) et suralimentées par un compresseur Paxton (R2 et R3), dont la puissance atteignait respectivement 290 et 335 chevaux.
L’Avanti s’inscrivait dans la lignée des Luxury Personal Cars, une catégorie très en vogue à Detroit, tout en affichant des prétentions de GT. Elle s’attaquait donc aussi bien à la Chevrolet Corvette qu’à de gros coupés de luxe comme la Ford Thunderbird, la Buick Riviera ou l’Oldsmobile Toronado.
En raison de problèmes de production, notamment avec la firme chargée de fabriquer en sous-traitance les carrosseries en fibre de verre, moins de 6000 Avanti furent construites entre juin 1962 et décembre 1963. Studebaker avait prévu en vendre 20 000… (À titre de comparaison, 23 631 Corvette furent produites en 1963.)
L’usine Studebaker de South Bend, en Indiana, ferma ses portes à la fin de 1963 et la courte vie de l’Avanti aurait dû s’arrêter là mais deux concessionnaires de la marque, Nathan Altman et Leo Newman, s’associèrent pour continuer à la produire, donnant ainsi naissance à l’Avanti Motor Corporation. Une entente fut conclue avec Studebaker pour racheter les moules et les pièces restantes. Altman et Newman vendirent l’entreprise à leur tour, quelques années plus tard, mais des répliques de l’Avanti furent produites jusqu’à 2006.
Voilà ce qui explique mon attachement à l’Avanti : elle a fait partie de mon environnement automobile pendant toute ma jeunesse, et même après. J’ai toujours rêvé d’en posséder une et si je décide un jour d’investir dans une voiture de collection, vous pouvez être assurés qu’elle sera sur ma liste.