Essai routier : Jeep Wrangler Unlimited Sahara 2017
Par François Prud'Homme
Le Jeep Wrangler est un véhicule d'exception, un exemple de résilience face au passage du temps, une recette éprouvée perpétuée de génération en génération avec tous les souvenirs qui y sont rattachés. Le Wrangler 2017 me rappelle le premier véhicule que j'ai conduit, un Willys CJ-3B 1957 appartenant à mon grand-père. Les soixante années qui les séparent n'ont pas su altérer la vocation tout terrain du véhicule que j'ai connu adolescent, ni cette capacité d'aller là où les autres ne vont pas.
Reconnaissable au premier coup d'oeil
Avec ses ailes protubérantes et son habitacle carré, le Jeep Wrangler 2017 conserve sa silhouette d'antan et affiche sans détour son côté utilitaire. Garde au sol élevée, espace généreux sous les ailes pour permettre un grand débattement de la suspension… de toute évidence les priorités sont hors route, en conformité avec l’ADN de cette marque. À l'avant, le Wrangler affiche les traits de ses ancêtres avec ses yeux ronds, sa calandre à sept fentes et son pare-chocs exposé. À l'arrière on retrouve les feux de position saillants typiques de ce modèle et la roue de secours pleine grandeur fixée sur la porte du coffre pour un accès facile en cas d'imprévu.
Les dessous du Wrangler sont protégés par des plaques d'acier couvrant les principales composantes telles que la suspension, la transmission et le réservoir à carburant afin de parer aux débris et aux obstacles de la route. Des marchepieds latéraux facilitent l'accès aux places avant et arrière. Bref, on reconnaît « le plus Jeep des Jeep » au premier coup d’œil et c’est exactement ce que veut la clientèle-cible.
Un habitacle moins spartiate
Contrairement au Jeep de ma jeunesse, le Wrangler prend soin de ses passagers. Le confort est au rendez-vous en commençant par un habitacle spacieux, des sièges confortables et une position de conduite droite qui permet une bonne visibilité avant.
Les cadrans ronds affichant les principaux indicateurs, une autre signature du modèle, sont bien situés et faciles à consulter. Le système de ventilation très efficace permet de rapidement prendre le contrôle de la température de la cabine, en hiver comme en été. Volant gainé de cuir, sièges chauffants et centre multimédia à grand écran, la liste des options répond aux attentes. À ce chapitre, on est à des années-lumière du Willys de ma jeunesse, dans lequel la présentation intérieure donnait tout son sens au mot « minimaliste ».
Vielle recette, nouveaux ingrédients
C’est en 1941 que le nom Jeep a été pour la première fois associé à un véhicule tout terrain et ce nom est par la suite devenu synonyme de véhicule utilitaire à 4 roues motrices. Le Willys-Overland CJ-2A, premier modèle civil de Jeep, est apparu en 1945 et la plate-forme n'a pas beaucoup changé depuis.
Comme je l'ai appris jeune avec le Willys de mon grand-père, le Wrangler est à la base un véhicule à propulsion et c'est ce mode qui doit être privilégié sur les routes à surface sèche ou dure. Quand la surface de la route est meuble et glissante, il est possible d'engager les roues avant pour plus de traction. Et si on désire appliquer une force hors du commun il faut choisir le mode à 4 roues motrices gamme basse, qui permet de réduire la vitesse pour augmenter la puissance avec un rapport de démultiplication de 3.
Pour passer en mode 4 roues motrices, il suffit d'engager le levier situé à gauche du sélecteur de rapport. On passe ainsi d'abord en mode 4x4 et, si on poursuit la course du levier, on accède à la gamme 4x4 basse vitesse.
Le Wrangler compte sur les services du V6 Pentastar de 3,6 litres, un moteur polyvalent utilisé à toutes les sauces chez les marques du groupe FCA (Jeep, Dodge, Chrysler et RAM). Offrant amplement de puissance et de couple, le moteur est bruyant lors des accélérations mais beaucoup plus discret en vitesse de croisière. La consommation est élevée, ce qui n’étonne guère, compte tenu du poids important du véhicule et du nombre limité de rapports de transmission disponibles.
La boite automatique à 5 vitesses fait du bon travail mais il lui manque assurément quelques rapports. Hors des sentiers battus le besoin ne se fait pas sentir mais quand on rejoint la route pavée on constate que le moteur économiserait à tourner moins vite, plus particulièrement sur l'autoroute.
Sur la route et hors route
Le Wrangler présente deux personnalités, que l'on rencontre selon les conditions. Sur chaussée normale ou légèrement dégradée on peut profiter d'un véhicule confortable avec peu de bruits de roulement et une tenue de route rassurante à vitesse modérée.
L'autre personnalité du Wrangler apparait hors route, ou encore sur les chaussées sévèrement dégradées de certaines de nos routes québécoises, qui provoquent des rebondissements de la suspension, les roues perdant brièvement contact avec la route. Évidemment, il faut avoir des attentes réalistes : si la douceur de roulement est votre priorité, vous n’êtes pas à la bonne adresse. De plus, les formes équarries du Wrangler ne font pas bon ménage avec les grands vents.
Quand on quitte les chemins pavés pour une tâche à accomplir ou encore un peu d'aventure, le Wrangler se retrouve dans son élément et met à profit sa nature robuste et utilitaire. La garde au sol élevée, la suspension renforcée et la puissance de traction hors du commun permettent de rejoindre des endroits difficiles d'accès… et d'en revenir. À ce chapitre, le Wrangler est dans une classe à part.
Conclusion
Pour ceux qui désirent aller au-delà des sentiers battus et qui sont prêts à accepter les défauts de ses qualités, le Wrangler saura répondre aux attentes. Fier héritier des 75 ans d'expérience tout terrain de la marque, ce Jeep ne fait pas de compromis sur sa vocation hors route tout en faisant profiter ses occupants d'un confort moderne. Si vous désirez vous engager à long terme, l’achat d’une garantie prolongée est cependant recommandé, les Jeep n’étant pas réputés pour leur fiabilité. Ils conservent cependant une très bonne valeur de revente.