50 ans du Grand Prix du Canada : les années 60
Il n’y a pas que Montréal qui célèbre un anniversaire important en 2017 : le Grand Prix du Canada a 50 ans cette année. Les connaisseurs ne manqueront pas de souligner qu’il y a 40 ans, le légendaire Gilles Villeneuve disputait ses premières courses de F1 : avec McLaren d’abord, puis avec Ferrari. Dans le premier d’une série d’articles sur la F1 au Canada, le chroniqueur automobile Philippe Laguë nous raconte les faits marquants des premières années du Grand Prix.
Officiellement, le premier Grand Prix Canada a lieu en 1961, sur le circuit ontarien de Mosport. Toutefois, il s’agit d’une course réservée aux voitures de Sport, du même type que celles qui courent dans les courses d’endurance (comme les 24 Heures du Mans). L’épreuve ontarienne est d’ailleurs inscrite au Championnat canadien des voitures sport.
C’est en 1967 que les monoplaces du Championnat du monde de Formule 1 débarquent pour la première fois au Canada. Le pays fête alors le centenaire de la Confédération avec des événements comme l’Exposition universelle de Montréal. Pendant que l’Expo 67 accueille les visiteurs du monde entier, c’est le circuit ontarien de Mosport qui est choisi pour le premier Grand Prix du Canada de F1. Il est toutefois entendu que la course se disputera en alternance en Ontario et au Québec, sur le circuit du Mont-Tremblant, à St-Jovite.
C’est à l’Australien Jack Brabham, triple champion du monde, que revient l’honneur de remporter la première course de F1 disputée en sol canadien, au volant d’une monoplace portant son nom. L’écurie Brabham réalise même un doublé avec la deuxième place du Néo-Zélandais Denny Hulme, coéquipier de Sir Jack.
L’année suivante, la course de déplace, comme prévu, au Québec et c’est encore une fois l’affaire des pilotes qu’on surnomme alors les « kiwis » : Denny Hulme, qui pilote maintenant pour McLaren, l’emporte devant son coéquipier, compatriote et fondateur de l’écurie éponyme, Bruce McLaren. Et c’est un autre Néo-Zélandais qui passe près l’emporter : Chris Amon mène les 72 premiers tours (sur 90) avant d’être victime de sa malchance légendaire. Cette fois, c’est la boîte de vitesses de sa Ferrari qui le lâche.
Les doublés semblent vouloir s’inscrire dans la tradition du Grand Prix du Canada : après Brabham en 1967 et McLaren l’année suivante, c’est de nouveau l’écurie australienne qui termine aux deux premières places, le Belge Jacky Ickx l’emportant devant Jack Brabham. La course est cependant marquée par un événement inusité : le pilote local Al Pease, 48 ans, est disqualifié pour avoir été… trop lent! Au volant d’une vieille Eagle rafistolée, l’Ontarien se traîne en queue de peloton au point de constituer un danger pour les autres. Il est d’ailleurs tenu responsable de l’accrochage entre le meneur, Jackie Stewart, et Jacky Ickx. Ce dernier parvient à repartir et à gagner la course mais Stewart et son patron, Ken Tyrrell, déposent une plainte contre Pease, qui devient le premier pilote – et le seul à ce jour – à être disqualifié d’un Grand Prix à cause de sa lenteur. Pour la petite histoire, précisons qu’il a parcouru moins de la moitié de la distance des meneurs ce jour-là…
La tradition des doublés se poursuit l’année suivante à St-Jovite : passé chez Ferrari, Jacky Ickx l’emporte pour une deuxième année d’affilée, devant son coéquipier Clay Regazzoni. C’est le premier doublé Ferrari au Grand Prix du Canada. Les rudes hivers du Québec sont cependant impitoyables pour le revêtement du circuit du Mont-Tremblant et le GP du Canada n’y sera plus jamais couru, pour des raisons de sécurité.
Demain : les années Mosport