Essai routier : Jaguar F-Type (podcast 95)
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Lignée prestigieuse
Italophile notoire, le chroniqueur automobile Philippe Laguë en pince aussi pour les voitures anglaises et plus particulièrement les Jaguar. En près de 30 ans de carrière, il a eu le bonheur de conduire tous les modèles fabriqués par la célèbre firme de Coventry, les berlines comme les sportives. Parce qu’il faut bien le préciser, les unes comme les autres ont joué un rôle aussi important dans l’histoire de la marque : les berlines pour leur rentabilité, les sportives pour la notoriété.
À l’origine, Jaguar était une compagnie de motocyclettes spécialisées dans les side-cars. L’entreprise, fondée en 1922, s’appelait alors Swallow Sidecar Company. Après avoir racheté les actions de son partenaire, William Lyons la rebaptisa SS Cars Limited en 1935. Comme l’indiquait son nouveau nom, l’entreprise s’était convertie à la fabrication d’automobiles et elle amorça ce virage avec deux modèles, soit une berline à quatre portes et une sportive biplace décapotable (roadster).
Le nom Jaguar apparut sur ces deux voitures mais il désignait alors le modèle. Ainsi, le nom officiel de la berline était SS Jaguar 2 ½-litre sports saloon et celui du roadster, SS Jaguar 100. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, la désignation SS fut abandonnée, pour des raisons évidentes, et la marque fut renommée Jaguar. Voilà pour la petite histoire.
Tant les berlines que les sportives ont, par la suite, contribué à forger l’identité et la réputation de la marque britannique, qui prit véritablement son envol en adoptant le nom de ce grand félin d’Amérique du sud, réputé pour sa rapidité. Et tant les berlines que les sportives ont brillé en course automobile, les premières s’illustrant dans les épreuves réservées aux voitures de tourisme, une berline MK VII remportant même le prestigieux rallye de Monte-Carlo en 1956; mais ce sont les secondes qui ont écrit les plus belles pages de l’histoire sportive de Jaguar, le point d’orgue étant les trois victoires consécutives (1955, 1956 et 1957) aux 24 Heures du Mans. (Jaguar avait aussi remporté l’épreuve mancelle en 1951 et 1953 et gagna de nouveau en 1988 et 1990, pour un total de sept victoires, ce qui la place au quatrième rang derrière Porsche, Audi et Ferrari.)
Jaguar fit d’ailleurs ses débuts dans la plus célèbre des épreuves d’endurance avec une version à peine modifiée de sa XK-120, qui allait engendrer la plus prestigieuse lignée de la marque – et l’une des plus prestigieuses toutes marques confondues. Comme son nom l’indique, la XK 120-C (ou Type C), qui allait signer les deux premières victoires au Mans, était une version – profondément modifiée, il faut le dire – d’une voiture de série. En fait, elle n’en reprenait que le moteur, le légendaire 6-cylindres de 3,4 litres.
La filiation se poursuivit avec la mythique Type D, celle des trois triomphes consécutifs, dont la silhouette aérodynamique allait inspirer la Type E, que plusieurs considèrent, encore aujourd’hui, comme LA Jaguar, celle-là même qui fut qualifiée en son temps de « plus belle voiture jamais construite » par le Pape de l’automobile, Enzo Ferrari.
La prestigieuse lignée des XK s’arrêta en 2014, avec la fin de la production de la XK8 et de sa version plus musclée, la XKR. Ces dernières étaient cependant des GT au sens véritable, moins sportives que leurs devancières des années 50 et 60. Introduite un an avant le dernier tour de piste des XK, la F-Type avait d’immenses souliers à chausser, avec des ancêtres comme les XK 120, XK 140, XK 150 et XK-E (ou Type E). Dire que la barre était haute relève, ici, de l’euphémisme, d’autant plus que sa gamme actuelle de berlines suscite des réactions partagées. Avec sa sportive, Jaguar n’avait pas droit à l’erreur. A-t-elle été à la hauteur? Et six ans après sa sortie, est-elle périmée? La réponse dans ce podcast.
(Animateur : Philippe Laguë. Coanimation et réalisation : Nicolas Mailloux. Essai : Philippe Laguë et François Prud’Homme. Photos : François Prud’Homme.)